Le glacier Furka fût la découverte la plus émouvante et la plus irréelle durant mon road trip à travers les Alpes.
C’est après une longue montée sinueuse à flan de falaises que mes yeux se sont d’abord portés sur l’interminable cascade du Rhône se déferlant le long de la montagne vers la vallée de Conches. En contre-haut, je distingue progressivement les formes du Furka Gletscher, je ressens des premiers frissons. Une fois garée devant le fameux hôtel du Belvédère (probablement le plus célèbre de Suisse), j’achète un billet d’entrée pour accéder au glacier.
Le ticket (7 CHF) vous permet d’aller sur le site mais aussi d’entrer dans la grotte de glace, travaillée et préservée chaque année. Des panneaux explicatifs sont positionnés un peu partout sur le circuit en mettant en exergue l’évolution du glacier, les causes et les conséquences sur l’environnement, la faune et la flore.
Je m’attarde peu, laissant les hordes de touristes derrière moi et préfère longer la grotte de glace pour aller au contact le plus proche du glacier.
Après quelques minutes de marche (voire d’escalade par endroits) entre la roche et les blocs de pierre, mes pieds touchent enfin le sol gelé. Je suis totalement seule face à un spectacle qui me laisse sans voix. Un mur de glace de 17km² se tient devant moi, accolé entre deux montagnes. Et rien. Un silence de plomb. Dépaysement immédiat, je ne sais plus si je me trouve toujours sur Terre ou si je me suis téléportée sur Mars. Je décide de m’aventurer sur plusieurs mètres en évitant les crevasses et la neige fraîche.
Le contraste coloré entre les deux éléments est fascinant, un blanc pur et un bleu turquoise qui incite le regard à plonger dedans. Mes pas crissent au contact de la glace et résonnent dans tout mon corps. Par moment le glacier gronde sous le craquement de la glace. Je ressens une incroyable sensation de puissance, de calme, de liberté et de reconnaissance.
Il semble indestructible. Hélas ce n’est pas le cas. Le glacier recule de 8,5 mètres en moyenne chaque année. Il a déjà perdu 2,3 km de long depuis les premières mesures de 1850 et entre 5 à 7 mètres d’épaisseur. Chaque été, il est recouvert de larges bâches pour le protéger de la fonte et pour ralentir le processus de dégel mais cela ne suffit pas. L’homme essaye de sauver ce qu’il a détruit et il est évident que cela ne fonctionne pas.
Selon une étude de chercheurs, le glacier du Rhône pourrait avoir totalement disparu d’ici la fin du siècle. Certains lui laissent jusqu’en 2080. Une longue agonie se déroule sous nos yeux. Le réchauffement climatique en est bien évidemment la cause. La pollution aussi est bien présente avec les dépôts de poussière noire sur la glace.
C’est en aller sur les lieux que je me suis vraiment rendue compte de l’ampleur des dégâts. On remarque complètement l’emplacement de la glace quelques décennies plus tôt. C’est une grosse prise de conscience pour ma part qui m’incite à modifier mon mode de vie et mes actions.
Comment être témoin de ce désastre et ne pas lutter contre en essayant de faire perdurer le plus longtemps possible ces espaces naturels si exceptionnels et grandioses, nécessaire à l’équilibre de notre planète ?
Bravo pour vos magnifiques photos et belles explications.
TOutefois, il n’existe pas de « furkagletscher » mais le « glacier du rhône » ou « RHONEGLETSCHER » (rhone devrait être rotten en allemand)
et le mur de 17km2 est plutôt une surface, voir un plateau ou plaine.
Merci pour votre retour et ravie que mes photos vous plaisent !