C’est lors de notre petit road-trip des Châteaux de la Loire entre sœurs que nous avons fait un arrêt (presque obligatoire) au château de Chambord. Édifié à partir de 1519 à la demande de François Ier, Chambord est aujourd’hui devenu l’emblème de la Renaissance française à travers le monde.
Un peu d’histoire
François Ier, tout jeune roi, ordonne la construction du château de Chambord au cœur des terres marécageuses de Sologne. Le château n’est pas conçu pour être une résidence permanente, François Ier n’y passe que quelques semaines. C’est une véritable œuvre architecturale que le roi se plaît à montrer à des souverains et ambassadeurs comme un symbole de son pouvoir inscrit dans la pierre.
Il faut attendre le règne de Louis XIV pour que l’édifice soit enfin achevé. Le Roi Soleil réside à plusieurs reprises dans le monument en compagnie de sa cour. Ces séjours sont l’occasion de grandes parties de chasse et de divertissements. Molière présente pour la première fois à Chambord sa célèbre comédie le Bourgeois gentilhomme, en 1670.
Au XVIIIe siècle, des travaux sont entrepris afin d’aménager l’intérieur du château. Louis XV en dispose pour loger successivement son beau-père Stanislas Leszczynski, roi de Pologne, puis le maréchal de Saxe. La nécessité d’apporter chaleur et confort à l’édifice pousse les différents occupants à meubler de façon permanente le château et à faire aménager dans les appartements boiseries, parquets, faux-plafonds et petits cabinets.
Chambord est relativement épargné par la Révolution : le château est pillé, le mobilier est vendu mais le monument échappe à la destruction. Il connaît ensuite une longue période d’abandon avant que Napoléon n’en fasse don en 1809 au maréchal Berthier en remerciement de ses services. L’ensemble du domaine de Chambord est ensuite offert par une souscription nationale au duc de Bordeaux, petit-fils du roi Charles X. Il fait administrer le domaine par un régisseur, entreprend de grandes campagnes de restaurations et ouvre officiellement le château au public. Après sa mort, le domaine passe par héritage aux princes de Bourbon Parme, ses neveux.
Le château et le parc sont propriétés de l’État depuis 1930 et ils figurent sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1981.
Architecture
L’énigme de l’identité de l’architecte de Chambord n’est pas encore levée. Un mystère qui s’explique par l’absence presque totale d’archives concernant le chantier royal, celles-ci ayant été dispersées ou détruites à la fin du XVIIIe siècle. Sa création architecturale reste cela dit exceptionnelle, influencé par le travail de Léonard de Vinci.
Les façades du château de Chambord offrent une grande lisibilité du plan du château depuis l’extérieur. Les niveaux habitables sont visuellement séparés par un bandeau mouluré sur toute la largeur de la façade. Dans le sens vertical, le rythme est donné par des pilastres. La disposition de ces éléments forme un quadrillage à l’italienne régulier.
Les pilastres, les médaillons, les façades ou encore les lucarnes sont traités avec une grande liberté formelle, bouleversant les traditions italiennes pour les adapter au goût français.
Le plan en croix intérieur dans le donjon détermine quatre quartiers d’habitation absolument similaires à chaque étage. La géométrie du plan du château de Chambord est unique car elle n’a pas été contrainte par des accidents de terrain ou des constructions antérieures conservées.
Les incontournables
Si vous souhaitez faire une visite rapide du château de Chambord, voici les pièces à ne pas manquer :
– L’escalier à doubles révolutions : l’élément architectural le plus marquant du château. Visible que de l’intérieur, il est placé au centre de l’immense donjon carré. Léonard de Vinci avait fait les esquisses de l’escalier. Les deux rampes s’enroulent l’une au-dessus de l’autre pour desservir les étages principaux de l’édifice. On peut monter de chaque côté sans jamais se rencontrer tout en se suivant des yeux : une magie architecturale fascinante !
– Les voûtes : au second étage du donjon, la salle en croix est surprenante. Ses bras sont couverts d’une immense voûte à caissons, ornés des emblèmes de François Ier : le monogramme « F», des salamandres et des cordelières à nœud. Répétés des centaines de fois, elles témoignent de la volonté du roi de marquer son empreinte partout dans le château jusqu’aux derniers plafonds du donjon.
– Les terrasses : une fois tout en haut, une vision à 360° s’offre à vous sur le parc de Chambord et la forêt. Le spectacle est magnifique ! Les toitures des pavillons y sont hérissées de tourelles d’escalier, de souches de cheminée et de lucarnes. Au centre, prolongeant l’escalier à doubles révolutions, la tour lanterne s’élève à 56 mètres (point culminant du château) dont le sommet est orné de la fleur de lys.
– Les jardins : ils sont composés de plus de 600 arbres, 800 arbustes, 200 rosiers et 15 250 plantes sur 18 874 m² de pelouses. Amateurs de jardin à la française vous serez ravis !
La visite
Nous avons suivi la visite insolite avec une guide du château qui nous a permis d’accéder à certaines parties fermées habituellement comme les pièces d’entresols, les escaliers de service et les combles du château. La guide était dynamique et son discours très accessible : pas de succession de dates impossibles à retenir mais plutôt des petites anecdotes !
Il existe également des visites découvertes, ludiques ou approfondies pour connaître tous les secrets du château de Chambord.
Malgré le froid glacial, nous nous sommes armées de courage pour ne pas geler pendant la visite. L’hiver n’est pas forcément la période idéal pour découvrir Chambord, sachant qu’il n’est pas du tout chauffé et qu’il y a beaucoup de courants d’air. Du coup, nous avons compris rapidement pourquoi les personnes qui ont possédé le château ne venaient y séjourner que l’été !
Coup de coeur pour l’immense boutique où vous ne pouvez qu’y trouver votre bonheur (livres, accessoires, rayon jeunesse, produits du terroir dont certains du domaine, papeteries, vaisselles, vêtements…).
Le château de Chambord reste un lieu incontournable et féerique. Nous avons été ravies de cette visite qui nous a permise de voir l’envers du décor et d’avoir des explications complètes.